La réalisatrice Sloane U’Ren et le compositeur et scénariste Antony Neely sont venus mercredi soir lors de l’ouverture présenter leur premier film Dimensions, dont ils sont également producteurs. Petit retour sur l’échange qu’ils ont eu avec le public à l’issue de la projection du film :

Pourquoi avoir choisi les années 20 ?
Sloane : Nous avions ce lieu de tournage, qui était la maison du frère d’Ant, elle même construite fin 1800. Elle s’y prêtait bien et c’est pour cela que l’on a décidé de placer l’intrigue à cette époque. Ant a écrit tout le scenario mais ce fut un choix commun de ne pas placer l’intrigue de nos jours, nous ne voulions pas de téléphone portable, et nous souhaitions des vieux costumes bien sur !
Ant : C’est une histoire un peu en dehors du temps que de retrouver quelqu’un que l’on a aimé, les années 20 convenaient donc parfaitement.

Ou avez vous trouvé les acteurs ?
Sloane : Pour les adultes, nous sommes passés par un agent qui connait beaucoup d’acteurs. Les adultes ont été recrutés à Londres et les enfants sur place sur le lieu du tournage à Cambridge.

D’où vous vient l’idée du film ?
Ant : Tout est parti de la maison, puis, je me suis intéressé à l’inter dimension grâce aux vidéos de Carl Sagan et j’ai aussi commencé à porter un masque ! (… un masque comme dans le film, pour vraiment vivre cette impression de découvrir une nouvelle dimension.) Après avoir vu ces vidéos, le personnage est venu me trouver, et oui, pendant mes insomnies les personnages viennent. C’est comme si l’histoire existait déjà et qu’il fallait juste attendre qu’elle nous arrive.

Pourquoi le choix du tire Dimensions : A line, A loop, A tangle of threads ?
Ant : Les gens utilisent souvent le titre raccourci Dimensions. La version longue fait référence à différentes théories sur la nature du temps. Plus je vieillis, moins j’apprécie l’idée de la ligne droite. J’aime mieux l’idée d’une boucle, ou l’idée que quelque part il existe une version plus jeune de moi !

Parlez nous de votre travail à deux, était ce une coopération à part entière ?
Ant : Ce n’est pas difficile, Sloane était la patronne !
Sloane : On possède des compétences différentes. Il écrit, je réalise, chacun son domaine.
On est producteurs ensemble, j’ai géré le budget en amont de la réalisation et Ant a repris certaines de mes taches de production durant le tournage.
Ant : Globalement, c’est elle qui gère !

Sloane vous avez été directrice artistique de grosses productions (Batman begins, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé), expliquez nous ce passage aux films indépendants.
Sloane : Il était utile pour moi d’acquérir de nombreuses expériences dans les films à gros budget, mais j’ai aussi travaillé pour de moyennes productions comme Human Nature et Dans la peau de John Malkowich qui m’ont tout autant appris.
Ant : Nous avions un budget restreint en partant d’expériences de grands films, l’exercice était donc de réduire l’échelle au maximum.
 En plus, on nous a toujours dit : si vous n’avez pas de budget ne vous attaquez ni à un film d’époque, ni à un film de science fiction, c’est le plus cher !


Pourquoi ce choix esthétique de plans ?

Sloane : J’ai dessiné tous mes plans. Le film a été tourné en 21 jours, j’ai réfléchi en amont et tout prévu à l’avance.

Est-ce qu’il y a eu de l’improvisation ?
Sloane : On ne fait pas d’improvisation, il y a juste une réplique qu’un acteur a ajouté mais la plupart sont des acteurs de théâtre et se tiennent donc au texte. Tout le monde a respecté le script.

Quelles recherches sur les années 20 avez-vous fait pour le film ?
Ant : J’ai commencé par noter mes idées et je les ai développées la nuit pour pouvoir réfléchir. A partir de ces notes, j’ai pu établir une première version du script en deux semaines, version que j’ai modifié à chaque fois.
 Sloane a fait des recherches sur les costumes. On connaissait un certain nombre de romans, films, œuvres d’art de l’époque et on s’est inspiré de photos d’époque pour entrer dans la peau des personnages.

La musique a été composée pour le film sauf le morceau de Beethoven à la fin, quelle est en la signification ?
Ant : J’ai tout composé, sauf la musique venant du gramophone (radio) mais tout le reste, c’est mon travail.
Sloane : Quand Steven parle avec sa mère on a été contraint de rajouter un morceau de Beethoven pour couvrir le bruit d’un train au loin qui passait par là, on a tourné cette scène à trois heures du matin !
Ant : La question du budget s’est posée ici aussi. Il fallait payer l’orchestre, je n’ai donc pu composer que 35 minutes au total. Le morceau de Beethoven non prévu convenait très bien à la scène, du coup on l’a laissé.

Quelle dimension est attribuée à la structure en bambou tridimensionnelle ?

Ant : C’est une des choses que j’ai écrites, je voulais qu’il y ait une carte en 3D. J’ai écrit le scénario en pensant à ça et après oh mince maintenant il faut le construire !
Sloane : En voyant des photos des années 20, il y en avait une représentant des tiges de bambous avec des lampes chinoises.  A la base, ce que nous voulions c’était une carte en 3d sous la forme d’une structure de ficelles mais on s’est rendu compte que le bambou était beaucoup plus facile à monter et démonter.
Ant : La théorie des cordes donc ! On  a fait de nombreux essais avant de trouver la structure qui convenait.

Ce film aura-t-il un avenir en France après avoir reçu tous ces prix ?

Ant : On est en négociation pour un contrat aux Etats Unis actuellement, ce qui voudra dire que le film ne sera diffusé que dans un petit nombre de salles. On réfléchit à des possibilités de diffusion via internet. Désolé de faire de la promotion maintenant mais si vous avez apprécié le film, allez sur notre site, notre Facebook et notre Twitter et recommandez-le à vos amis ! Merci !


- Attention, les questions suivantes révèlent des parties de l’intrigue –

Ant : j’ai une question pour vous : Qui d’entre vous avait deviné que Steven et le professeur était la même personne dès le début?
Une petite poignée de mains se lève, la majorité disant non.
Ant : C’est toujours différent selon les publics, l’information n’arrive pas au même moment (rires). Vous êtes un bon public !

Votre scénario m’intrigue, mais quelle est cette histoire de pères ?
Ant : You get to decide ! C’est à vous de décider. Il y a plusieurs éléments dans le film que l’on peut tous interpréter personnellement. Pour le père de Steven, chacun à sa propre réponse sur la question et c’est à chacun de décider. Même Sloane et moi, nous ne somme pas d’accord ! C’est un film qui évolue sur un niveau avec une multitude d’éléments cachés. C’est un film qui apporte des réponses et des ambigüités, là c’est une ambigüité.

Pourquoi sont-ils vieux à la fin ?
Sloane : Ils ont vieilli en voyageant, ou peut-être qu’à un moment ils ont rajeuni puis on vieilli de nouveau…. Qui sait…
Ant : On ne fait pas un saut d’une époque à l’autre aussi simplement. Robert a du se trouver coincé quelque part à un moment. L’idée est belle, passer autant de temps à retrouver l’être aimé et en plus attendre de retrouver le bon moment.

 Annie donne les lunettes à Steven, est ce un indice ?
Ant : Elle ne savait pas qu’il y avait cette boucle, ces lunettes jouent plus un rôle de porte bonheur. Steven croit qu’il y a un nombre infini d’univers parallèles donc que tout événement concevable doit arriver dans un de ces univers. Il y a aussi des indices discrets comme l’orange et la pomme inversées par exemple. Si vous n’avez pas remarqué ces détails cela ne vous a pas empêche de comprendre le film, c’est juste un peu de piment en plus dans l’espoir que vous rentriez chez vous en pensant à cette problématique du temps.

Annie = Victoria ?

Ant : Là encore, c’est peut-être que dans l’esprit de Steven. Annie porte la même bague que la mère de Victoria mais il est possible que tout soit dans la tête de Steven. Il n’y a pas qu’une seule réponse possible, peut-être que dans certains univers c’est le cas et dans d’autres non !

Propos recueillis par Sarah Faye Van Der Ploeg.