Dans le cadre d’une projection de Billy Elliot avec Nantado, voici les questions posées à Vincent Blanc, répétiteur du Centre Chorégraphique national de Nantes (CCNN).

Vous avez toujours voulu être danseur ?

Je ne vais pas répondre comme Billy, j’étais très physique. Je suis de Gap et à l’origine je voulais faire du cirque mais les écoles étaient loin, du coup j’ai suivi ma mère et ma sœur qui étaient dans une école de danse. La danse m’apportait le physique et un moyen d’expression qui me convenait très bien.

Vous dansez toujours?
Je me suis arrêté il y a environ deux ans suite à un accident, maintenant je fais travailler les autres.

Est-ce qu’il y avait beaucoup de garçons quand vous avez commencé ?
Non ! C’était la même chose que pour Billy, les années 80, même si l’image du danseur homosexuel est encore très présente aujourd’hui.

Vous avez une formation plutôt classique ou contemporaine ?
Mon premier professeur m’a enseigné l’expression corporelle, le mouvement par les images. Puis j’ai fait du classique et du contemporain. J’ai auditionné pour l’école de Rosella Hightower à Cannes à 19 ans et là j’ai fait du classique et j’ai surtout du rattraper le niveau !
La danse classique c’est le fondement, la base, la solidité. Au CCNN on l’enseigne aussi pour donner une force de la jambe et une stature. Le classique c’est la page blanche à décliner comme on veut !
Il faut oser y aller, une telle école fait peur. Il faut donc du courage, de la passion et beaucoup de travail.

Avez-vous déjà porté des tutus ?
Non, mais j’ai déjà mis des jupes ! Cela dépend de la demande chorégraphique.

La danse vous manque ?
Oui ! Je danse avec ma fille qui a un an et demi et j’anime des cours de danse et des stages. Je suis actuellement répétiteur et transmetteur, c’est ce que j’ai toujours voulu faire. De la naissance de la création jusqu’à la scène, je mets toute mon énergie la dedans.
Je me suis blesse sur scène et on a annulé tout les spectacles, un arrêt brutal donc.

Alors, que ressentiez-vous quand vous dansiez ?

On ne peut mieux le dire que Billy, je suis incapable de l’expliquer sans mots banals ou techniques. La phrase de l’électricité je la trouve très juste, à chaque fois que j’anime un cours ou un stage j’en parle. L’électricité ne peut s’arrêter, c’est l’énergie même du mouvement.

Avez-vous eu peur avant de monter sur scène ?
Tout le temps ! On ne joue jamais deux fois devant la même personne. On a le trac par respect de la chorégraphie et du public. Une fois sur scène, on oublie le trac et il est nécessaire de développer une autre énergie, physique cette fois ci.

Était-ce un sujet tabou ou était ce facile d’en parler aux copains ?
Comme Billy, mon père m’a dit « tu fais de la danse, tu te démerdes, tu ne fais pas de danse, je peux t’aider ». Avec les copains, je n’ai jamais eu de problèmes. Faire de la danse ne veut pas dire être homosexuel. Je n’ai aucun regret.

A quel âge avez-vous commencez la danse ?
A 9 ans, puis je suis resté 10 ans dans mon école de Gap, puis 3 ans dans l’école de Rosella Hightower à Cannes, puis j’ai intégré le Jeune Ballet International (JBI), un juste pont entre la scolarité et le professionnalisme. J’ai été un danseur intermittent pendant deux ans et j’ai auditionné au CCNN et j’y suis depuis 15 ans !

N’est ce pas difficile de vivre de la danse ?
C’est moins dur pour un garçon mais c’est dur, surtout en ce moment et pourtant les écoles marchent du tonnerre. Pour trouver du boulot, il faut s’accrocher.

Jusqu’à quand peut-on danser ?
Le classique c’est le culte de la jeunesse. Il y a pas mal de danseur qui ont 40/50 ans et qui sont toujours en activité. On apprend la gestion de notre corps pendant de nombreuses années, c’est la clé de la longévité.

Parlez nous de votre choix du style du CCNN plutôt contemporain.
C’est une gestuelle qui me parlait très bien. Cela demande un travail énorme, le danseur est un éternel perfectionniste. Je ne suis pas chorégraphe, je suis né danseur.
J’enregistre tout et je veille au respect de cette chorégraphie. Je n’ai jamais eu envie de monter ma troupe mais plus d’être répétiteur.

Propos recueillis par Sarah Faye Van Der Ploeg