Suite à la projection de Blood & Carpet, jeudi 10 décembre, Graham Fletcher-Cook, réalisateur du film, Jeanette Monero, directrice de la photographie et Annie Burkin et Billy Wright, acteurs, se sont prêtés au jeu du question-réponse avec le public.

Ci-dessous, la retranscription des échanges de la soirée, par Jean-Baptiste Boursier, étudiant de l’Université de Nantes et stagiaire pour Univerciné.

 

Q: Le film était-il fait pour rentrer dans des standards de faible budget ?

A: Oui, le film était vraiment fait avec de tous petits moyens, on a dû beaucoup improviser, techniquement parlant. C’était le règne de la débrouille.

Q: Pourquoi en noir et blanc ?

A: Parce que c’est ce qui rend le mieux. A vai dire, on avait commencé le film en couleur, puis on s’est rendus compte que le noir et blanc rendait mieux l’atmosphère des années 60.

Q: Comment vous avez fait pour faire un film pareil avec autant d’acteurs et un si petit budget ?

A: On a eu la chance d’avoir énormément de bénévoles qui sont venus faire les figurants, beaucoup de personnes qui nous ont dépannés, en nous permettant d’utiliser leur vieille voiture, leur bar …

Q: On voit que la musique est très importante dans ce film. Vous avez utilisé de vieilles bandes sonores ou fait des nouvelles ?

A: Le frère de Jeanette Monero, la directrice de photographie, est compositeur et a composé la bande-son du film.

Q: Pouvez-vous nous parler un peu du passé des acteurs ?

A: Annie Burkin est à la fois comédienne et actrice et elle écrit des pièces dans lesquelles elle joue.

Billy Wright est aussi comédien et acteur.

Q: D’où est venue l’inspiration pour ce film ?

A: Lors d’un atelier d’impro, Annie jouait un rôle pour lequel elle essuyait du sang sur un tapis et on a immédiatement pensé que ça ferait un super film.

Q: Est- ce que le cadavre n’est pas une sorte de métaphore des choses que l’on veut refouler ou cacher ?

A: Plus ou moins, je voyais surtout ça comme la métaphore de la gentrification de Londres, de cette volonté de raser les vieux quartiers et de l’embourgeoisement urbain en général.

Q: Sur quelles références vous êtes vous appuyés pour réaliser ce film ?

A: On s’est beaucoup inspirés des vieux films noirs de l’époque et du style de Hitchcock, dont Graham est un grand fan. Egalement de Repulsion, de R. Polanski.

Q: Etait-ce la première fois que vous travailliez ensemble ?

A: Nous participons tous régulièrement à des ateliers d’improvisation du Timber Theatre, nous nous connaissions donc déjà avant, mais c’est la première fois que l’on fait un film ensemble.

Q: Pourquoi Melvin veut s’appeller Stan dans le film ?

A: Parce que Melvin ça fait vieux, et que le personnage veut rester jeune, comme tout le monde !.

Q: Quel futur espérez-vous pour ce film ?

A: Peu de cinémas l’ont projeté au Royaume-Uni, et bien sûr on espère qu’il va toucher un grand public, c’est pour cela que l’on est toujours heureux de venir à ce genre de festival.

Q: Pourquoi avoir choisi les années 60 comme époque ?

A: Tout simplement parce que la gentrification a commencé à ce moment, et on avait la volonté de faire quelque chose de différent. De plus, les gens avaient de bons ressentis sur cette époque.

Il faut avouer aussi que cette époque est assez comique, avec les coiffures, les chaussures …

Il fallait aussi une époque où il n’y avait pas de caméras de vidéosurveillance ou d’analyses ADN.

Q: L’accent des personnages est-il adapté ou bien était-ce l’accent naturel des acteurs ?

A: Annie a dû travailler son accent en étudiant plusieurs documentaires sur l’époque, tandis que Billy avait déjà un accent assez approprié. L’ accent de l’époque était différent car la langue est en perpétuelle évolution.

Q: Si vous aviez eu des moyens, est-ce que le film aurait été différent ?

A: Si on avait eu de l’argent, on aurait fait un film de science-fiction ! Plus sérieusement, ça nous aurait permis de faire le film de manière plus sereine, mais le rendu esthétique n’aurait pas été très différent.

Q: Pourquoi la dernière scène est-elle en couleur ?

A: Cela représente bien la distinction présent/passé.

Q : Le scénario était-il très rigide ou au contraire, laissait-il la place a beaucoup d’imporvisation ?

A: Graham est un réalisateur strict mais intelligent : il tenait absolument à ce qu’on évite l’impro car il avait une bonne idée du rendu qu’il voulait obtenir. Il était aussi très important de bien coller au texte pour éviter des anachronismes linguistiques.