papadopoulos photo site univercineUn synopsis succinct nous ferait croire à un film sur une banale entreprise de Fish & Chips. Il ne paie certes pas de mine notre Papadopoulos & Sons, et pourtant…

Si son résultat peut tenir à ça : « Ruiné par la crise, Harry Papadopoulos, un ancien millionnaire, renoue avec son frère pour reprendre le « fish and chips » familial », sa véritable nature se cache dans une envie de surprendre, de rire et de montrer au spectateur l’art des liens et de l’envie.

Le réalisateur Marcus Markou entraîne le spectateur dans l’aventure d’Harry Papadopoulos, un entrepreneur et père de famille assez porté sur la réussite, qui se fait embarquer par son frère dans la reprise de l’affaire familiale. Et toute la famille et les amis veulent (plus ou moins) aider. Un monde de bricoleur et de bonne volonté pas toujours nécessaire que l’ex grand patron ne connaît que trop, qu’il a toujours cherché à fuir et dans lequel il se sent quelque peu éloigné.

Sur fond de crise financière et de clivages sociaux, le réalisateur entreprend avec beaucoup d’humour, en déstructurant les clichés, de montrer l’envers du décor de la crise : la famille, les relations du monde professionnel, de l’entreprise, les responsabilités, la joie, les espoirs de chacun. Un humour décalé qui trouve un écho dans le jeu d’acteur des deux frères que tout semble opposer : Harry, joué par Stephen Dillane (The Hours, Goal!, la série Game of Thrones) et Spiros, joué par l’acteur franco-grec Georges Corraface (Jamais sans ma fille, Stand-By, Disparitions, Retour aux sources, La Bicyclette Bleue).

Ayant fui très jeunes les affrontements entre grecs et turcs à Chypre, les deux frères au lourd passé se sont éloignés et se complètent cependant très habilement. La mise en scène les rend à la fois humains, sensibles et cependant très réalistes, parfois durs. Des clins d’œil à différents mondes apparaissent : les jeunes générations, la finance et les banques, les layers (avocats à la sauce anglo-américaine, Ndlr), les gays, la mode, le tout Londres, le pauvre Londres, les anciennes amitiés, les nouveaux amours, les pertes et le renouveau… des sphères que l’on ne rencontre pas souvent toutes ensembles et qui cohabitent cependant au quotidien, sans que l’on s’en aperçoive. La mise en scène a l’avantage de se débarrasser du trop attendu, de dépasser les choses cent fois vues. Moderne, intelligent et léger sans être superficiel, ce film est une comédie (grinçante mais pleine d’espoir) réussie, même dans son aspect moralisateur.

Ce film a également un effet révélateur sur l’aspect multiculturel du Royaume-Uni : la consonance grecque du nom de famille des personnages n’est pas anodine et les oppositions entre ceux qui réussissent et les autres se font sentir à travers les origines. Et nous découvrons en plus qu’il peut faire (très) beau au Royaume-Uni, pendant plus de quelques heures. Georges Corraface, présent samedi soir lors de la diffusion, nous a même précisé que la pluie traditionnelle anglaise n’avait pointé le bout de son nez sur le lieu du tournage, et ce pendant toute la durée du tournage ! Comme quoi, tout espoir n’est réellement pas perdu !

Ayant obtenu un succès certain au Royaume-Uni, ce film est à déguster pendant le festival Univerciné britannique. Bonne séance !

Manon Rousselle