La sélection 2012 fait la part belle à la jeunesse britannique, celle d’aujourd’hui comme celle d’hier. A commencer par les films en compétition. Small Creatures dresse le portrait d’un garçon de 13 ans tiraillé entre sa fascination pour un camarade violent et dominateur et son envie d’échapper à la spirale de la délinquance. C’est un premier long métrage très réussi. We Are Poets retrace le périple d’un groupe de jeunes d’un quartier difficile de Leeds. Ils sont sélectionnés pour représenter leur pays au concours international de slam à Washington D.C. Leur passion pour la magie de la langue les transfigurent, et l’émotion surgit. Autre docu-fiction, Tempest montre le quotidien de jeunes Londoniens d’un milieu modeste confrontés à la langue de Shakespeare. Ils interprètent chacun un rôle dans The Tempest. Leurs lectures respectives des personnages laissent transparaître un peu de leurs personnalités, leurs attentes et leurs rêves. Le réalisateur Rob Curry sera au Katorza pour en parler. Dans Seamonsters, l’arrivée d’une fille au passé douloureux met l’amitié de deux garçons à rude épreuve. Le film sera précédé d’un court métrage, Wild, qui traite avec délicatesse du mal-être d’une lycéenne en proie à la confusion des sentiments. Le film d’ouverture, Dimensions: a Line, a Loop, a Tangle of Threads, est une fiction au sujet original qui sera présentée par la réalisatrice, Sloane U’Ren et le co-producteur, Ant Neely. Un jeune homme qui, enfant, a perdu mystérieusement la fille qu’il aimait, fait le pari insensé de remonter le cours du temps pour la retrouver.

Dans le contexte explosif des troubles en Irlande du Nord, la protagoniste de Shadow Dancer (primé à Dinard) est confrontée à un terrible dilemme : prison ou trahison. Hazuan Hashim et Phil Maxwell viendront présenter leur nouveau documentaire, From Cable Street to Brick Lane, fort beau portrait d’un quartier autrefois populaire, où il reste encore quelques témoins des affrontements sanglants du passé entre fascistes et minorités ethniques. Two Years at Sea est une oeuvre en noir et blanc, sans dialogue, qui suit l’errance d’un personnage confronté à une nature sauvage en Ecosse. Familier de l’œuvre de Ben Rivers, Morgan Pokée de la revue Répliques apportera son éclairage sur le film.

Sorti cet été, Jane Eyre est le portrait de la jeune héroïne passionnée, imaginée par Charlotte Brontë en 1847. Indian Palace ravira les amateurs de comédie et des grands acteurs du cinéma britannique contemporain. Comme tous les ans, il sera possible également de (re)découvrir des classiques tel que Billy Elliot, comédie de Stephen Daldry (1999) choisie pour la séance Nantado du samedi à 14h. À cette occasion, Vincent Blanc, danseur professionnel du Centre de Chorégraphie de Nantes, témoignera au Katorza de sa propre expérience à ses débuts, en écho à la thématique du film.

Enfin, au programme figurent des films de répertoire plus anciens. Tess est l’adaptation réalisée en 1979 par Polanski du roman de Thomas Hardy de 1891. En 1965, John Schlesinger tourne Darling, film représentatif de l’esprit insouciant du Swinging London. Tell Me Lies de Peter Brook date de 1968, en pleine guerre du Vietnam, événement que les médias relaient auprès de l’opinion publique de manière extrêmement partiale.

Wuthering Heights d’Andrea Arnold sort le 5 décembre sur les écrans français. Dimanche 9, Georges Letissier, Professeur de Littérature anglaise à l’Université de Nantes, présentera le film en regard avec sa source littéraire. Dans cette version âpre et époustouflante du roman d’Emily Brontë, l’intensité presque surnaturelle des sentiments est servie par une singulière économie des dialogues et une remarquable utilisation de la lumière et du son.

Bon festival à tous !
Agnès Blandeau et Jackie Baker